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La vénération des icônes est
dans l'Eglise orthodoxe un
aspect essentiel de l'expérience
liturgique, c'est à dire de la
contemplation du Royaume. La
liturgie en effet en
sanctifiant toutes les facultés
de l'homme, amorce la
transfiguration de ses sens, les
rend capables d'entrevoir
l'invisible à travers le
visible, le Royaume à travers le
Mystère.
L'icône, souligne Ouspensky,
sanctifie la vue, et ainsi elle
transforme la vue en vision: car
Dieu ne s'est pas seulement fait
entendre, il s'est fait voir, la
gloire de la Trinité s'est
révélée à travers la chair du
Fils de l'Homme.
L'Orthodoxie affirme donc le
caractère christologique de
l'image. Elle montre d'abord que
l'image par excellence est le
Christ lui-même. La Parole
irreprésentable de l'Ancien
Testament s'est fait chair
représentable: "lorsque
l'Invisible, écrit Saint Jean
Damascène, s'étant revêtu de la
chair, apparut visible". Le
Christ n'est pas seulement le
Verbe de Dieu mais son image.
L'incarnation fonde l'icône et
l'icône prouve l'incarnation.
Pour l'Eglise orthodoxe, la
première et fondamentale icône
est donc le visage du Christ. Si
l'interdiction de l'Ancien
Testament a été levée par et
pour le Christ, elle l'a été
aussi pour sa Mère et pour ses
amis, pour les membres de son
Corps, pour tous ceux qui dans
le Saint-Esprit, participent à
sa chair déifiée.
Depuis les origines, la
représentation de la Mère de
Dieu a eu une place privilégiée
dans l'art chrétien. On peut
même dire qu'aucun sujet n'a été
plus souvent interprété que
Marie et son Enfant. Aussi les
chefs-d'oeuvre développant ce
thème sont-ils innombrables tant
en Orient qu'en Occident.
L'iconographie des fêtes de la
Mère de Dieu s'appuie sur
nombre de textes de la
liturgie byzantine, eux-même
découlant non seulement des
Ecritures mais aussi des
Apocryphes.
l'Annonciation de Notre Très
Sainte Souveraine et toujours
Vierge Marie
Après notre chute, Dieu, prenant patience dans Sa miséricorde infinie, avait peu à peu préparé l'humanité, de génération en génération, par des événements heureux et malheureux, à la réalisation du Grand Mystère qu'Il tenait caché avant tous les siècles dans son Conseil trinitaire : l'Incarnation du Verbe. Alors qu'Il savait, bien à l'avance, qu'elle allait être la faute de l'homme et ses tragiques conséquences, c'est en ayant en vue le terme de ce mystère qu'Il avait pourtant créé la nature humaine, afin de s'y préparer une Mère qui, par la beauté de son âme immaculée, relevée de l'ornement de toutes les vertus, attira sur elle les regards du Tout-Puissant et devint la chambre nuptiale du Verbe, le réceptacle de Celui qui contient tout, le Palais du Roi du Ciel et le terme du dessein divin.
Six mois après la conception miraculeuse de celui qui devait être en toutes choses le Précurseur du Sauveur (Luc 1:17), Gabriel, l'Ange de la miséricorde (cf. 8 novembre), fut envoyé par le Seigneur à Nazareth en Galilée, auprès de la Vierge Marie qui, au sortir du Temple, avait été fiancée au juste et chaste Joseph, pour qu'il soit le gardien de sa virginité. Surgissant soudain dans la maison sous une apparence humaine, un bâton à la main, l'Ange salua celle qui devait devenir la consolation des larmes d'Eve en disant : « Réjouis-Toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec Toi! » (Luc 1:8). Devant cette étrange apparition la Vierge laissa tomber son fuseau et, toute troublée par ces paroles de l'incorporel, elle se demandait si cette annonce de joie n'était pas, comme pour Eve, une nouvelle tromperie de celui qui sait se transformer en ange de lumière (cf. II Cor. 11, 14). Mais l'Ange La rassura et Lui dit :
« Sois sans crainte, Marie, car Tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Ne T'étonne pas de mon étrange aspect et de ces paroles de joie, alors que, trompée jadis par le serpent, ta nature a été condamnée à la douleur et aux gémissements, car moi, c'est la vraie joie que je suis venu T'annoncer et la délivrance de la malédiction de la première mère (cf. Genèse 3:16). Voici que Tu concevras et enfanteras un fils, en accomplissement de la prédiction du Prophète Isaïe qui disait : "Voici que la vierge concevra et enfantera un fils!" Et Tu l'appelleras du nom de Jésus, ce qui signifie Sauveur. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. »
A ces paroles inouïes, la Vierge s'exclama : « Comment cela serait-il possible, puisque je ne connais point d'homme? » Elle ne mettait pas en doute la parole divine par manque de foi, comme Zacharie qui avait été pour cela puni de mutisme (Luc 1:20), mais elle se demandait comment ce mystère pourrait bien se réaliser en elle, sans l'union nuptiale, devenue la loi de la reproduction du genre humain soumis à la corruption. Comprenant ses doutes, l'Ange ne la blâma pas, mais il lui expliqua le mode nouveau de cette naissance : « L'Esprit Saint viendra sur Toi, qui a été comblée de grâce en préparation de Sa venue, et la puissance du Très-Haut Te couvrira de Son ombre. » Puis, rappelant qu'Elisabeth, celle qu'on appelait "la stérile", venait de concevoir un fils dans sa vieillesse, il lui montra ainsi que là où Dieu le veut l'ordre de la nature est vaincu, et il lui confirma que par Sa venue en elle le Saint-Esprit allait accomplir un miracle plus grand encore que la création du monde et, qu'abaissant les cieux, le Roi de l'univers, Celui qui contient tout, allait s'anéantir lui-même (Philippiens 2:7) par une ineffable condescendance, afin de demeurer en son sein, de s'y mêler en une union sans confusion à la nature humaine, et de se revêtir de sa chair, teinte en son sang virginal, comme une pourpre royale.
Inclinant alors humblement son regard à terre et adhérant de toute sa volonté au dessein divin, la Vierge répondit : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon Ta parole! »
Par ces paroles elle acceptait, et avec elle la nature humaine tout entière, la venue en elle de la puissance divine transmise par les paroles de l'Ange. Et c'est à cet instant même que s'accomplit la conception du Sauveur. Le Fils de Dieu devient Fils de ]'Homme, une seule Personne en deux natures. Dieu se revêt de l'humanité et la Vierge devient en toute vérité Mère de Dieu (Théotokos), afin que, par cet échange des propriétés naturelles, les hommes, délivrés de l'enfer, puissent devenir fils de Dieu par la Grâce.
L'accomplissement de ce Mystère de l'Incarnation, caché même à la connaissance des Anges, ne fut donc pas seulement l'oeuvre du Père, dans Sa complaisance, du Fils qui descendit des cieux, et de l'Esprit qui recouvrit la Vierge de Son ombre, mais le Seigneur attendait que celle qu'il avait choisie entre toutes les femmes y prenne aussi une part active par son acquiescement libre et volontaire, de sorte que la Rédemption du genre humain fût l'oeuvre commune de la volonté de Dieu et de la foi de l'homme. Ce fut donc par une libre coopération (synergie) de l'humanité au dessein divin que s'est accompli ce Grand Mystère préparé depuis l'origine du monde, que Dieu devient homme pour que l'homme devienne dieu , et que la Vierge, Epouse inépousée, est devenue pour notre nature renouvelée la source et la cause de tous les biens.
La Pentecôte
Voici, l’icône de la Pentecôte
du monastère de Stavronikita, au
Mont Athos, en Grèce. Cette
icône, qui date du XVIIe
s., nous concerne
particulièrement aujourd’hui, et
peut être lue avec la même
actualité qu’à l’époque où elle
a été peinte:
Les protagonistes de cette scène sont au nombre de douze, ils tiennent à la main, qui un rouleau de parchemin, qui un livre. Leur attitude est calme, leur posture hiératique, l’atmosphère semble cordiale.
On remarque aussi un espace laissé entre deux personnages attirant le regard sur la place centrale laissée vide.
Au-dessus de la maison, le ciel, d’où sortent des rayons qui se terminent par des flammes - des « langues » de feu - qui descendent et se posent sur chaque personnage.
Au bas de l’image, une cavité sombre, d’où se détache un personnage couronné, à barbe blanche, il porte à bout de bras un linge où sont déposés douze rouleaux.
La composition est symétrique, 6 hommes, 6 langues de feu de chaque côté.
La scène est lumineuse : le ciel est représenté par un fond d’or, il y a le soleil, des rais de lumière sur les bancs, des rehauts de lumière sur les vêtements.
Les douze personnages, vous l’avez compris, sont les Apôtres, du grec apostoloi, ceux qui sont envoyés en mission.
En haut Pierre et Paul, puis les quatre évangélistes tenant le Livre Saint , Matthieu et Luc (à gauche de l’image), Jean et Marc (à droite), puis Simon, Barthélémy et Philippe (ou Jude) (à gauche), André, Jacques et Thomas (à droite)
Pourquoi Saint Paul est-il représenté sur cette icône, alors qu’il n’était pas présent historiquement ce jour-là, et qu’il n’était même pas encore converti ?
C’est que l’icône ne représente pas seulement les événements décrits par les textes, elle dévoile aussi leur signification. Le sens de cette présence paraît clair : pourrait-on imaginer l'Église sans Saint Paul, un de ses colonnes ?
Une scène d'enseignement
Pourquoi cette place vide au milieu des apôtres ?
Cette place est celle du Christ. La place laissée vide au centre, signifie que le Christ est présent, même s’il n’est pas visible.
La place du Christ est au centre, il est le chef de l’Assemblée, il est la tête de l’Eglise et c’est son Enseignement qu’avec le don de l’Esprit, l’Eglise a mission de répandre.
L’Esprit Saint leur enseignera même ce qu’ils ne pouvaient porter lorsque le Christ était là :
« Le Paraclet, l’Esprit Saint
que le Père enverra en mon nom,
vous enseignera toutes choses et
vous fera ressouvenir de tout ce
que je vous ai dit. » (Jean 14,
26)
Le Christ dit
encore : « J’ai encore bien des
choses à vous dire, mais vous ne
pouvez les porter maintenant ;
lorsque viendra l’Esprit de
vérité, il vous fera accéder à
la vérité tout entière .» (Jean
16, 12-13)L’Esprit Saint qui est donné, pour toujours, va permettre aux apôtres d’accomplir la mission qui leur a été confiée, confiée à eux qui n’étaient ni érudits ni philosophes, mais des hommes simples, des pécheurs.
L'icône de la Nativité (Noël) avec une icône de la Nativité de Patmos, en grand format
L'icône de la Nativité
s'inspire, pour sa typologie, du
récit de Saint Luc et du
Kontakion de la Nativité, de
Saint Romain le Mélode (VI s.).
Voici ce que nous dit
l'Evangéliste:
« Pendant qu’ils étaient à
Bethléem, le jour de la
naissance arriva. Elle mit au
monde un fils, son premier-né.
Elle l’enveloppa de langes et le
coucha dans une crèche, parce
qu’il n’y avait pas de place
pour eux dans l’abri destiné aux
voyageurs. » (Luc, 2, 6-7)
Au centre de l’icône, nous
trouvons la représentation de la
crèche, dans la grotte, et de la
Mère de Dieu: « en ce jour la
Vierge met au monde le
Suressentiel et la terre abrite
en une grotte l’Inaccessible »
(in Kontakion de la
Nativité).
L’âne et le boeuf ne sont pas
décrits dans les Évangiles,
c’est dans l’Ancien Testament,
dans les prophéties d’Habacuc (Hab,
III, 2) et d’Isaïe (Is, I, 3),
qu’ils apparaissent (Hab, III,
2) et (Is, I, 3)
Autour de cette scène principale
s’organisent d’autres scènes,
que l’on lira de gauche à
droite, dans un mouvement
circulaire qui se déroule autour
de la scène centrale.
En haut à gauche, nous voyons
les rois mages, habillés comme
des Persans, c’est à dire comme
ceux qui vénèrent les astres.
Les rois mages sont en chemin,
guidés par l’Étoile, et viennent
vénérer le roi de l’Univers :
« et les mages avec l’Étoile
cheminent » (in Kontakion).
A droite, nous trouvons les
bergers: « Dans cette même
région, il y avait des bergers
qui passaient la nuit dans les
champs pour garder leur
troupeau. Un ange du Seigneur
leur apparut et la gloire du
Seigneur les entoura de lumière.
Ils eurent alors très peur. Mais
l’ange leur dit: N’ayez pas
peur, car je vous apporte une
bonne nouvelle qui réjouira
beaucoup tout le peuple: cette
nuit dans la ville de David, est
né, pour vous, un Sauveur; c’est
le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous le
fera reconnaître: vous trouverez
un petit enfant enveloppé de
langes et couché dans une
crèche. » (in Luc, 2, 8-11)
La scène du bain, en bas à
droite n’a pas d’origine
littéraire. Le bain montre la
nature humaine du Christ.
Un vieil homme se trouve en bas
à gauche. On interprète cette
scène comme étant le doute de
Joseph, mais à l’origine, ce
personnage était un des bergers,
il écoutait la bonne nouvelle
apportée par les anges. Peu à
peu ce personnage s’est déplacé
pour occuper la place qu’on lui
connaît, car l’icône ne s’est
pas faite en un jour, les
premières représentations de la
Nativité remontent au début du
IVs.
L’icône de la Nativité se
compose donc de cinq scènes
juxtaposées: les rois mages, les
anges et les bergers, le
lavement, Joseph, la Mère de
Dieu et l’enfant.
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